Trois personnages, immergés dans un monde mental étiré par l'obsession, déambulent mystérieusement. Ils sont entourés d'une vingtaine de poupées souples et réalistes figurant des jeunes filles. L'un des personnages, tel un adolescent sans repères, met en scène ses souvenirs. Tandis que Dennis Cooper, en voix off, distille poèmes et monologues entre deux incidences musicales. Pas à pas, se dessine un parcours où planent des fragments de mémoire. Des images troubles, une histoire qui se tisse par bribes et sécrète une savante confusion entre le réel et l'imaginaire. Dans cette pièce, Gisèle Vienne poursuit sa réflexion autour du corps et de l'objet, à travers l'érotisme. Accompagnée par Dennis Cooper, auteur de textes sombres et passionnés, elle développe une dramaturgie à la structure fragmentaire. Un travail de reconstitution où mémoire, fiction et composition plastique contribuent à la création d'un univers peuplé de rêves et de fantasmes. Un climat froid, pourtant nimbé d'une harmonieuse douceur, accueille ce récit disloqué. Effets de masques, icônes, postures et impostures, traversent ce paysage inquiétant qui fleure l'énigme policière et le fantasme. Des indices d'une violence adolescente disséminés dans le spectacle stigmatisent ce glissement des sens et contribuent au dévoilement d'une poétique ambiguë, tout à la fois charnelle et désincarnée, dont le timbre vibre d'une étrange séduction.