« Bouvard et Pécuchet » mis entre les mains
de Jérôme Deschamps, c'est forcément un régal ! Le créateur des
Deschiens adapte le savoureux chef d’œuvre de Flaubert et l’interprète
aux côtés de Micha Lescot accompagné d’une joyeuse troupe !
Bouvard et Pécuchet, copistes de leur
état, se rencontrent sur un banc public. Et s’apitoient sur l’état du
monde qui, mon pauvre ami, va à vau l’eau. Mais foin de jérémiades, il
s’agit de prendre le taureau par les cornes, hardi les gars, sus à la
bêtise humaine. Tout y passe de l’agriculture à la culture et rien
n’échappe au faible lumignon de ces deux cloportes à l’intelligence
aussi courte qu’un jour sans proverbe de l’almanach Vermot. C’est le
grand bazar des clichés et stéréotypes, le vide grenier des inepties et
des idées reçues, le grand bêtisier encyclopédique, la foire des gags à
gogo. Car ils sont niais à manger du foin, ces deux-là. Parfois, tels
de vieux cousins inopportuns, les Deschiens surgissent au détour d’une
scène, à la grande surprise de Gustave, n’en déplaise aux
encyclopédistes purs et durs. Agaçants, irritants, émouvants, tendres,
drôles, nos deux compères campés avec brio par Jérôme Deschamps-
Pécuchet en personne tout en rondeur et souplesse, et Micha Lescot-
Bouvard, le long escogriffe que l’on ne s’attendait pas à trouver là,
entourés par Pauline Tricot et Lucas Hérault dont il faut aussi saluer
la « bravitude », vont faire souffler entre Vieux- port et Canebière un
petit vent de folie burlesque pour fêter le joli mois de mai.