Au départ de L’Annonce faite à Marie, il y a comme un drame domestique
autour de la rivalité amoureuse de deux soeurs. Mais Violaine, l’aînée,
frappée de déchéance après un baiser donné à un lépreux, se retire du
monde pour mieux s’en rapprocher par des voies insoupçonnées et prêter
assistance à sa soeur. Claudel a l’intuition d’un « opéra de paroles »
et la réalité d’un « drame de la possession d’une âme par le surnaturel
». Offrir cette pièce au théâtre, aujourd’hui, nécessite un balancement
quasi imperceptible entre la parole et l’histoire, entre l’histoire et
le sens, entre le sens et la musique. Voilà pourquoi j’ai demandé au
compositeur Camille Rocailleux de créer, autour de la pièce, une
partition pour voix, les comédiens, et instruments, deux violoncelles et
un clavier. Pour travailler la confrontation entre une poésie brute et
terrienne et la présence d’un lyrisme marqué par la passion charnelle et
mystique.